Mesdames et Messieurs,
Aujourd’hui, nous ne sommes pas seulement réunis pour dire « non » à un projet. Nous sommes réunis pour dire « oui » à la raison, à la santé environnementale et à l’avenir de notre territoire.
Le projet « Pure Salmon » n’est pas une solution, c’est un mirage. Un mirage destructeur, énergivore, et profondément déconnecté des réalités d’aujourd’hui et de demain.
Nous sommes en 2025, le monde brûle, et pourtant, on nous propose là une usine à saumons géante, produisant 10.000 tonnes par an, un volume encore jamais réalisé, symbole de cette folie croissantiste qui pense encore pouvoir construire notre avenir sur l’exploitation sans limite des ressources, et au mépris de tous les équilibres.
Pure Salmon fait cas d’école en matière de non-sens écologique et social. Illustration en 5 faits et chiffres :
- 100 GWh par an : c’est la consommation électrique de ce projet. C’est l’équivalent de celle de 45 000 habitants. Une ville entière. Une ville qui elle, abrite des écoles, des hôpitaux, des vies. Pas des bassins surpeuplés où des saumons agonisent à 70 kg par mètre cube.
- L’eau potable, cette ressource vitale, est jugée, par la Commission Locale de l’Eau, comme menacée par ce projet. On nous parle de prélèvements massifs dans la nappe de l’estuaire, alors que nos nappes phréatiques sont déjà sous tension. On nous parle aussi de rejets liquides chargés d’azote et de médicaments, alors que nos rivières étouffent sous les algues et les polluants.
- 16 degrés : c’est la température maximale que supportent les saumons en élevage. Or, l’eau de la nappe, à 15-16°C, est déjà proche de cette limite létale. Alors que fera-t-on lors des pics de chaleur de plus en plus fréquents ? Refroidira-t-on l’eau à grands frais (avec au besoin des groupes électrogènes qui émettent 18 fois plus de CO₂ que le réseau électrique) ? À l’heure où chaque kilowatt doit être économisé, où chaque gramme de CO₂ compte, c’est une insulte à l’intelligence collective.
- 250 emplois, c’est ce que promet Pure Salmon. Mais qui peut croire à ces chiffres miracles ? La réalité se situe bien plus certainement autour de 70 emplois seulement. 70 emplois précaires, mécanisés, jetables, là où il faudrait 8.000 artisans et artisanes de la pêche et de la conchyliculture pour produire les mêmes volumes, avec des pratiques qui, elles, nourrissent les territoires sans les détruire.
- Et puis, il y a les camions. Une dizaine par jour pour transporter le saumon, indique Pure Salmon. Mais où sont passés les dizaines d’autres ? Ceux qui amèneront les aliments, ceux qui évacueront les déjections ? Des kilomètres de pollution, des embouteillages, du bruit, de la fatigue pour nos routes et nos villages. Sans compter que ces saumons seront nourris avec des farines de poissons pêchés dans des pays en développement, volant ainsi la ressource des communautés locales.
C’est ça, le monde qu’on nous propose ? Un monde où l’on sacrifie la qualité de l’emploi local, de l’eau, et le climat sur l’autel du profit à court terme ?
Pourtant, des alternatives existent.
Nous ne sommes pas contre l’aquaculture. Nous sommes pour une aquaculture intelligente et soutenable, comme l’élevage de truites de mer en petites unités locales, ou de coquillages à forte valeur ajoutée comme les ormeaux, qui permettent moins de camions, moins de pollutions et plus de résilience. Des emplois ancrés, une activité qui régénère au lieu de piller.
Le choix est entre nos mains.
« Pure Salmon » n’est pas une fatalité. C’est un choix :
celui d’un modèle qui nous affaiblit, ou celui d’un avenir qui nous rend plus forts.
L’enquête publique est ouverte ce jour et jusqu’au 19 janvier.
Chaque avis compte.
Exigeons des études sérieuses.
Soutenons les alternatives.
La Gironde n’est pas à vendre. Elle est à défendre.
Alors levons-nous. Mobilisons-nous.
Protégeons ce qui nous unit : cette terre, cette eau, cet avenir commun.
Gaelle Ricquebourg, membre de Génération Écologie Gironde