Génération Ecologie était présente samedi dernier lors des manifestations organisées des deux côtés de l’estuaire à Soulac-sur-Mer et à Royan, aux côtés des associations et des habitants, pour dénoncer les dangers liés au projet d’élevage industriel de saumons au Verdon, étrangement intitulé « Pure Salmon ».
Le combat engagé par les associations impliquées dans cette mobilisation a commencé dès l’origine du projet et, malgré l’apport de précisions au fur et à mesure des procédures engagées, il n’a hélas pas trouvé de raison de cesser, bien au contraire. Cette ferme-usine géante aquacole a tout d’un projet repoussoir pour ce territoire sensible :
- Il est fortement impactant pour l’environnement, tant en ce qui concerne les rejets dans le milieu (ammoniaque, antibiotiques, etc.) que des consommations d’eau, avec des risques de contamination et de zoonoses ; Nous rappelons que la commission locale de l’eau (CLE) a d’ailleurs rendu un avis de non-compatibilité avec le Schéma d’Aménagement des Eaux Nappes Profondes le 17 mars dernier du fait de la pression portée sur la nappe profonde éocène et de la menace d’alimentation en eau potable du Médoc et de la Gironde plus largement ;
- Il menace des espèces protégées, notamment la civelle, la cistude et le pélobate ; et sa proximité avec des zones environnementales protégées (Parc naturel marin Estuaire de la Gironde et de la mer du Perthuis, Zone Natura 2000 du Marais du Bas Médoc, ZNIEFF de l’Estuaire et ZNIEFF de la Conche de Neyran) constitue une preuve de plus de l’aberration de sa localisation ;
- Il est incompatible avec le bien-être animal, avec des densités de saumons à plus de 70kg par m3, une forte mortalité avant l’abattage, sans compter d’immenses besoins de petits poissons pour alimenter ces carnivores ; Importés principalement d’Afrique de l’Ouest, ils priveront par ailleurs les pêcheurs locaux de leurs propres ressources alimentaires ;
- Sur le plan énergétique, il menace l’approvisionnement électrique de la rive droite de l’estuaire : « Avec des besoins de l’ordre de 100-120 GWh, soit ce que consomme une ville de 45 000 habitants, c’est une menace pour toute l’économie touristique du pays rayonnais ! », souligne Gérard Bunel, membre de Génération Ecologie Gironde ;
- Il n’est pas au service de l’économie locale, mis en place par un fond singapourien, dont la gouvernance échappera à l’économie régionale, quidétruira les capacités d’approvisionnement des pêcheurs locaux et des conchyliculteurs ;
- Il n’est pas plus au service de l’emploi local, car nous estimons que les 250 emplois annoncés seraient plutôt réduits à 70 du fait de la très forte mécanisation du process : la promesse faite aux élus du territoire est donc totalement irréaliste. Par ailleurs, il s’agit d’un projet très peu performant du point de vue de l’emploi car la pêche en mer et à terre offre en comparaison 8000 emplois pour le même volume de production ;
- Sur le plan démocratique, ce projet industriel sorti « clef en mains » et classé « d’intérêt majeur » à l’automne dernier, s’est déployé sans concertation avec les populations, et n’a pu faire l’objet d’études environnementales à la hauteur des enjeux, dans un contexte douteux d’absence d’analyse de référence comparable.
« Le projet Pure Salmon s’est ainsi construit sur la base d’un référentiel totalement dépassé, au sein duquel les prétendus intérêts économiques suffisent à justifier des niveaux de risques colossaux. Il s’agit d’une promesse empoisonnée, venue d’investisseurs financiers ignorant tout des équilibres du Vivant et martyrisant nos territoires. Si la réindustrialisation est nécessaire dans notre pays, elle ne peut pas se faire en 2025, en pleine crise d’extinction de la biodiversité et de catastrophes climatiques, au détriment des grands équilibres du Vivant, déjà fortement mis à mal », explique Anne-Laure BEDU, conseillère régionale, présente samedi à Soulac-sur-Mer.
Génération Ecologie apporte tout son soutien aux trois associations – La Fraie Sauvage, Estuaire 2025 et Seastemik – et aux habitants du Verdon ainsi que des communes riveraines qui s’opposent à ce projet démesuré d’un autre temps, et qui ne veulent pas être exposés à des risques écosystémiques majeurs dans des territoires fragiles qu’ils aiment et entendent protéger. Il est urgent de changer de modèle alimentaire et de faire bifurquer nos économies vers des modèles résilients et respectueux des limites planétaires, qui sont aussi celles de nos territoires.
Nous appelons, dès le 15 décembre prochain à exprimer le maximum d’avis défavorables, lors de l’ouverture de l’enquête publique sur le permis de construire et les autorisations environnementales de l’usine, et ce jusqu’à sa clôture le 19 janvier 2026. Dans cette perspective, nous tenons également à relayer la prochaine tenue d’un rassemblement le 15 décembre prochain à 18h à Bordeaux, devant la Mairie.
Anne-Laure BEDU, conseillère régionale Génération Écologie Nouvelle-Aquitaine