Importé des Étas-Unis, le Black Friday s’est imposé en France depuis une quinzaine d’années sous la pression des multinationales du e-commerce et cela sans débat démocratique. À plusieurs égards, le Black Friday peut même être considéré comme hors la loi puisqu’un amendement de Delphine Batho, députée des Deux-Sèvres et coordinatrice nationale de Génération Écologie, adopté en 2019, interdit les pratiques commerciales trompeuses telles que le Black Friday, consistant à faire croire qu’il existe des soldes en dehors de tout cadre légal. Cette disposition législative n’a jamais été appliquée par les gouvernements successifs, tous favorables à la croissance.
Rappelons que les impacts du Black Friday sont désastreux sur le climat (transport, fabrication, énergie), les ressources (extraction des minerais, eau, matières premières) et l’environnement (déchets, pollution, livraisons massives de petits colis, importations de produits blindés de produits chimiques dangereux). Ils le sont aussi pour les humains (conditions de fabrication, conditions de travail esclavagistes).
Mais — en plus ! — c’est la foire aux arnaques ! Si nombre de Françaises et Français disent vouloir faire des achats lors du Black Friday, c’est parce qu’elles et ils croient faire une bonne affaire. Le matraquage de publicités tapageuses, faisant miroiter des réductions invraisemblables, fait effet. Chaque année, les associations de consommateurs comme l’UFC-Que Choisir dénoncent les fausses bonnes affaires des enseignes, qui gonflent artificiellement les prix dans les semaines précédant le vendredi noir, pour afficher des réductions prétendument mirobolantes alors qu’elles sont en réalité fictives.
Le Black Friday, c’est aussi le festival de la délocalisation de l’économie. Cette opération commerciale s’est installée en France pour favoriser le e-commerce. Pas celui des PME qui fabriquent du made in France. Non, il s’agit en fait d’une captation de la manne des achats de Noël au bénéfice des multinationales et au détriment du commerce de proximité. Les procédures de suspension provisoire de l’enseigne de fast-fashion Shein sont, certes, un début. Mais Shein n’est que la partie émergée de l’iceberg de la délocalisation massive de la consommation. L’opération commerciale made in US du Black Friday en est un des vecteur culturel.
En ce vendredi noir pour la planète, Génération Écologie appelle à déconsommer. Nous saluons la décision de la Fédération du commerce de lancer une action judiciaire contre Shein. Mais il faut aller plus loin. La relocalisation de l’économie, gage de qualité et de respect des normes environnementales et sociales, c’est la décroissance : fabriquer mieux, consommer mieux, protéger la planète et les humains. Nous appelons à une nouvelle alliance en faveur d’une économie utile et de proximité, qui serve à la fois les intérêts des entreprises françaises et ceux des citoyennes et citoyens, trop souvent pris au piège de l’injonction permanente à la consommation.
Cécile Faure et Nina Géron