Accord avec le Mercosur : alerte volte-face d’Emmanuel Macron 

L’accord de commerce entre l’Union européenne (UE) et les pays du Mercosur est l’un des accords de libre-échange les plus destructeurs pour l’environnement et l’agriculture européenne, négocié par la Commission. Génération Écologie s’oppose fermement à son approbation.

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À Belém, au Brésil, à quelques heures du début de la COP30 sur le climat, Emmanuel Macron s’est déclaré favorable (“plutôt positif”) à la validation de l’accord entre l’Union européenne et le Mercosur. Alors que peu de sujets font consensus en France actuellement, cet accord climaticide a réussi à faire l’unanimité contre lui, tant dans le monde agricole que dans le monde environnemental. Tous les partis politiques s’y opposent… tous à l’exception désormais du Président de la République qui vient de changer de position ! Pourtant, les raisons de s’y opposer ne manquent pas :  

Le “changement de position” d’Emmanuel Macron était malheureusement prévisible tant il avait toujours précisé que la France s’opposait au projet d’accord avec le Mercosur “en l’état”. Nous avions dénoncé cette ambiguïté à l’occasion des débats sur la loi Duplomb.  Cette position reste injustifiable car l’accord n’a pas changé. Il a même été rendu plus dangereux pour le climat, car à la demande du Mercosur, l’UE a accepté d’ajouter un nouvel outil juridique, appelé mécanisme de rééquilibrage, qui permettra aux pays du Mercosur de sanctionner l’Union européenne si jamais nous décidions, par exemple, d’interdire l’accès au marché européen de certains aliments pour des raisons sanitaires ou environnementales

Le Président de la République se vante d’avoir obtenu une clause de sauvegarde pour les produits agricoles sensibles. Pour Génération Écologie cette clause est une nouvelle tentative d’enfumage de la Commission européenne et de la France pour faire valider cet accord. Prétendument bloquante pour l’entrée de produits du Mercosur en cas “de dommage grave” ou “de menace de dommage grave” pour l’agriculture européenne, cette clause ne permettra absolument pas de protéger les agriculteurs européens d’une concurrence déloyale, et ce pour plusieurs raisons

Les prochaines semaines seront cruciales, puisque la Commission voudrait que l’accord soit officiellement signé le 20 décembre. Pour cela, il faudra un vote du Conseil, et donc des États membres. Afin de contourner un éventuel blocage de certains États, la présidente de la Commission, Ursula Von der Leyen, a déjà annoncé avoir scindé l’accord en deux, pour que 99 % de celui-ci puisse entrer en vigueur rapidement et contourner le vote des parlements nationaux. Ce tour de force démocratique est inacceptable et très certainement illégal. C’est pourquoi Génération Écologie demande que la France saisisse la Cour de justice de l’Union européenne sur cette question et sur celle de la durabilité de l’accord et soutient cette résolution parlementaire. Emmanuel Macron s’y est jusqu’à présent opposé.

Pour que l’accord puisse entrer en vigueur, il faudra un vote à la majorité qualifiée au Conseil. Le vote pourrait être serré, car plusieurs États ont déjà affirmé qu’ils n’étaient pas sûrs de voter le texte, dont l’Italie, la Roumanie, la Pologne, l’Autriche, la Belgique et les Pays-Bas. La déclaration du Président de la République est donc un très mauvais signal envoyé à ses partenaires opposés à l’accord. Ensuite, le Parlement européen devra aussi se prononcer, et l’on sait déjà que les votes seront très serrés.

Génération Écologie sera mobilisée pour faire échouer ce processus de ratification. 

Adam Rigo