Incidence record du cancer en France : agir enfin sur les causes !

La France est l’un des pays au monde les plus touchés par le cancer et cela nous révolte. Génération Écologie appelle à une politique de santé environnementale ambitieuse et cohérente : interdiction des pesticides et produits chimiques cancérigènes.

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Avec 389,4 cas de cancer pour 100 000 habitants, la France est le 2e pays le plus touché par le cancer dans le monde, juste après Monaco. C’est ce que montre une étude parue en septembre dans la revue The Lancet. Avec des chiffres un peu différents, les bases de données du Centre international de recherche sur le cancer, agence de l’Organisation mondiale pour la santé, placent la France en 9e position. Pour le cancer du sein, elle est championne du monde. En pleine campagne Octobre Rose contre le cancer du sein, voilà qui devrait faire la une des journaux. 

Le cancer est la première cause de mortalité prématurée en France. Et le nombre de cas explose, en particulier chez les moins de 50 ans : “il faut se préparer à un tsunami”, alerte le professeur Fabrice Barlesi, directeur général de l’Institut Gustave Roussy. 

Octobre Rose met l’accent sur le dépistage. C’est indispensable, et il est scandaleux que des millions de femmes en France, du fait d’inégalités sociales et territoriales, n’y aient pas accès. Nous nous battons pour plus de dépistage, pour la fin des déserts médicaux et une égalité d’accès à tous les soins. 

Mais le dépistage ne constitue pas à lui seul une politique de prévention. C’est sur les causes du cancer qu’il faut agir. Certains facteurs de risque sont bien connus, au premier rang desquels l’alcool et le tabac. Leur niveau de consommation en France est élevé, mais ne suffit pas à expliquer la forte prévalence du cancer. 

La France est l’un des pays qui consomme le plus de pesticides au monde. Elle est aussi le pays qui consomme le plus d’engrais en Europe – avec des teneurs en cadmium, cancérogène notoire, très au-dessus de la moyenne européenne. L’aveuglement sur les causes environnementales du cancer n’est plus supportable. Ce n’est pas un hasard si le collectif Cancer Colère s’est créé en réaction à la loi Duplomb

Alors oui, un registre national des cas de cancer doit être mis en place, comme le prévoit la loi. De vastes études épidémiologiques doivent être lancées. Mais en la matière, les preuves arrivent toujours trop tard. Il est facile d’établir la part de facteurs de risque dits “individuels” et “modifiables” : nombre de verres d’alcool ou de cigarettes par jour, activité sportive hebdomadaire, taille, poids… Ces données sont aisément quantifiables pour chacune et chacun d’entre nous. Mais qui peut dire à quelles doses de pesticides, de cadmium, de PFAS, de particules fines ou de substances plastiques il ou elle a été exposée, in utero, enfant, adulte, à quelle fréquence, et pour quels effets cocktails ? 

Le Conseil national de l’Ordre des médecins l’écrivait, dans le cadre des débats sur la loi Duplomb : “Sur le plan médical, nous affirmons que le doute n’est pas raisonnable lorsqu’il s’agit de substances susceptibles d’exposer la population à des risques majeurs”. 

Génération Écologie défend une politique de santé environnementale ambitieuse et cohérente, qui ne renvoie pas les personnes atteintes de cancer à leur “responsabilité individuelle” face à des cancers “évitables”. Nous sommes en campagne, à l’occasion d’Octobre Rose, avec notre tract pour la santé des femmes et pour la santé environnementale. Plus largement, il y a urgence à agir de façon résolue et courageuse contre les causes structurelles de la maladie. Tous les pesticides et produits chimiques cancérigènes doivent être interdits. L’abrogation de la loi Duplomb doit être une première étape. 

Édith Lecherbonnier